La présence est une qualité d’attention qui mobilise l’ensemble des dimensions, physiques, mentales et émotionnelles. Cette conscience élargie permet d’entrer en relation avec l’autre pour s’imprégner de son monde, de ses valeurs et de son cadre de référence. En entreprise, comme ailleurs, ce sont plusieurs « cadres de référence » qui s’entrechoquent.
Chaque fois qu’une équipe travaille et coopère sur un projet, la présence est un principe qui permet de donner de la profondeur et de la cohérence à l’action. C’est reconnaître que l’autre est différent de moi. En offrant ma présence à l’autre, la qualité des échanges grandit. La dynamique et la cohésion d’une équipe se renforce lorsque chacun des membres prends le temps de la rencontre pour dépasser les conflits.
Voici quelques axes de réflexion pour cultiver cette présence précieuse:
#1 Nourrir la présence à soi pour l’offrir à l’autre
Tout démarre avec soi. En cultivant la présence, on se mets en situation d’accueil – de réception – pour capter des éléments tangibles et intangibles, selon notre sensibilité, notre parcours et notre expérience : une couleur, une saveur, une tonalité, un manque.
Tous ces éléments implicites ou explicites, lorsqu’ils sont nommés avec bienveillance permettent de faire grandir la qualité de relation et de communication dans le groupe au service d’un objectif commun.
Dans la relation, chacun apporte sa spécificité, sa compétence, sa sensibilité (partie individuelle), et permet au collectif (le nous) d’opérer les ajustements requis pour atteindre son objectif.
Cette capacité de présence s’exerce et se développe en nourrissant une qualité de présence à soi-même pour recevoir, puis d’offrir à l’autre.
#2 Gagner en clarté et en puissance d’action
Nous agissons tous comme des miroirs réfléchissants. On se « révèle » les uns les autres. Le principe est simple, l’autre est votre miroir, il reflète les parties de vous-même que vous ne voulez pas regarder, que vous ne voulez pas accepter.
En présence profonde, cette capacité s’affine et permet de se saisir de ce qui « se joue » pour soi et en relation avec l’autre. Nous avons chaque jour l’opportunité de gagner en compréhension, éclairer nos choix, et se donner des repères intérieurs qui soutiennent vos projets et nos ambitions.
Cette présence permet de gagner en responsabilité et de dépasser les jeux psychologiques (bouc émissaire). Il permet de clarifier les enjeux et donne de la clarté.
« Quoi qu’il arrive, n’en fait pas une affaire personnelle » – 2eme accord toltèque, Antonio Ruiz. Les quatre accords Toltèques
#3 S’autoriser à faire une chose à la fois
Les temps actuels ne facilitent pas la qualité de présence. Notre pilote automatique nous fait passer naturellement en mode sériel, le nez sur nos apps, nos courriels, Facebook, Teams, Skype… les dossiers à traiter, les « to-do » lists, les courses, les enfants à aller chercher… c’est inférnal!
En grande entreprise, les managers et leaders sont pris dans des séries de réunions consécutives qui laissent à peine du temps de prendre des pauses ou pour réfléchir. Pour beaucoups de managers, la réflexion est poussée à la fin de la journée, et jusqu’à très tard la nuit. Le sommeil en pâtit ainsi que la vie de famille.
« Il y a dix ans, nous changions d’attention au travail toutes les trois minutes. Aujourd’hui, nous le faisons toutes les 45 secondes, et nous le faisons toute la journée. Une personne moyenne vérifie ses courriels 74 fois par jour et change de tâche sur son ordinateur 566 fois par jour. (…) une personne passe en moyenne deux ans de sa vie sur Facebook » – Manoush Zomorodi.
Soyons honnêtes : la plupart des réunions se déroulent en faisant plusieurs choses en même temps (multitasking) avec la croyance fausse d’optimiser son temps et d’être plus efficace. Avec la croissance du télétravail, il est facile d’être à une réunion, lire ses emails, chatter, et ecouter d’une oreille ce qui se discute en réunion. C’est l’inverse de la présence qui demande un alignement tête-coeur-corps, et d’être pleinement attentif.
#4 Honorer ses besoins
La qualité de présence dans la durée se renforce en apprenant à faire des pauses. C’est un peu comme le cycle d’une journée : le jour suit la nuit. Ou bien comme une respiration : inspir et exprir. Si on observe bien la nature, les cycles du vivant alternent.
Prendre une pause, c’est respirer l’air frais pour oxygéner son cerveau. Une marche de 20 minutes, une méditation, boire une boisson chaude en regardant le ciel, pratiquer de la cohérence cardiaque…
J’entends de nombreux dirigeants et managers reconnaitre qu’ils oublient les besoins les plus basiques. Ils se sentent dispersés, déboussolés, manquant de stratégie par manque de temps pour prendre du recul et revoir leurs priorités.
Le cerveau ne sait pas faire plusieurs choses à la fois, sauf les taches automatisées (parler, marcher) car il ne fonctionne pas ainsi. Au contraire, vous passez rapidement d’une chose à l’autre, en épuisant vos ressources neuronales au fur et à mesure. – Dr. Daniel Levitin
#5 Prendre conscience de l’impact du bruit
La qualité de présence est rompue à chaque fois qu’il y a distractions, mouvement, bruit. Et dans notre monde, les distractions sont nombreuses.
En dehors du travail, nous courrons dans le bruit et générons de la distraction permanente : les magasins sont bondés de monde, les musiques tournent en boucle lors de nos achats, les écrans plasmas poussent partout dans les zones commerciales, le métro ou dans les carrefours, la circulation citadine installe un bruit de fond permanent, les enfants crient car pour se faire entendre à la cantine ou dans la cour de récréation, il faut donner de la voix… C’est à croire que le silence est suspicieux. C’est penser qu’on a éradiqué la tendresse et la douceur de nos vies.
Mis bout à bout, toutes ses interruptions ont un impact négatif sur le stress, la qualité de sommeil, l’attention. Il génèrent de l’agressivité. En avez vous conscience?
#6 Honorer le vivant
En tant qu’être humain, nous suivons les rythmes du vivant. Quand on perd le contact avec sa nature profonde, on perd le le contact avec l’environnement. Comme dirait Pierre Rabhi, nos pratiques « hors sols » nous ont déshumanisé et coupé de notre être profond.
Si la RSE revient en force dans les stratégies des entreprises, il faudrait y associer une l’hygiène de vie. L’écologie personnelle est un facteur d’épanouissement dans le temps car il nous mettrait en résonance (synchronicité) avec la nature avec laquelle nous sommes interdépendants.
Tisser des liens de confiance est le terreau d’un engagement fort, de créativité et de performance renouvelées. C’est un acte d’humanité profonde, une boussole naturelle, des repères forts pour se diriger dans la tempête.
Et si vous vous offriez un espace temps régulier pour prendre du recul, reconsidérer vos priorités, interroger votre posture et la qualité de vos relations ? Il est temps de prendre soin de soi, des autres et du monde pour bâtir dès aujourd’hui le monde de demain.
Travaillons ensemble pour renouveler et vivifier vos pratiques de leader au service du devenir durable de votre organisation.